Jeunes et substances psychoactives: quels sont les facteurs qui influencent la consommation?

28.06.2018

La probabilité de consommer des substances psychoactives et de développer un comportement problématique n’est pas la même chez tous les jeunes. Les jeunes qui connaissent des difficultés scolaires ou qui ont une faible estime de soi et un contexte familial difficile sont plus vulnérables. Addiction Suisse s’est intéressée de plus près aux facteurs de risque et de protection.

L’adolescence est une période mouvementée. Les neurosciences montrent que la propension à prendre des risques ou la recherche de sensations s’expliquent en partie par des changements au niveau du cerveau. Le passage de l’enfance à l’âge adulte est une phase sensible, où la probabilité d’expérimenter des substances psychoactives et d’avoir une consommation à risque est particulièrement élevée. Le cerveau étant encore en développement, les effets des substances en question sont aussi plus prononcés.

Certains jeunes sont plus vulnérables que d’autres. La probabilité d’adopter un comportement à risque ou de développer une addiction dépend de plusieurs facteurs différents, qui sont étroitement liés. Les spécialistes parlent de facteurs de risque ou de protection. Addiction Suisse en dresse un résumé dans le dernier numéro de la revue SuchtMagazin, consacré aux adolescent-e-s vulnérables.

 

Facteurs de risque: genre, timidité, problèmes scolaires…

Les facteurs ci-après peuvent notamment avoir une influence à l’adolescence:

  • Genre masculin: un coup d’œil sur les chiffres montre que, dans la tranche d’âge des 15 à 19 ans, la consommation d’alcool, de tabac et de cannabis est en partie nettement plus élevée chez les garçons que chez les filles. Si on prend l’ivresse ponctuelle, 27 % des garçons de 15 ans indiquent avoir été ivres au moins une fois au cours du mois précédent dans la dernière enquête auprès des écolières et écoliers* ; cette proportion est de 23 % chez les filles du même âge. Faits & chiffres Addiction Suisse
  • Genre féminin: dans le cadre de l’enquête, 28 % des garçons de 15 ans et 45 % des filles du même âge ont mentionné au moins deux troubles récurrents tels que difficultés à trouver le sommeil, nervosité, tristesse ou anxiété.
  • Puberté précoce: les jeunes chez qui la puberté s’installe précocement ont davantage tendance à s’entourer d’ami-e-s plus âgé-e-s. 4 % environ des filles de 15 ans indiquent avoir eu leurs premières règles avant l’âge de 11 ans.
  • Traits de personnalité: certaines caractéristiques jouent un rôle, comme la timidité, une mauvaise estime de soi ou une faible tolérance à la frustration.
  • Orientation sexuelle: en Suisse, 5 % environ des jeunes de 16 à 20 ans indiquent une attirance qui n’est pas principalement hétérosexuelle.

 

La famille et l’école, deux facteurs clés

La situation familiale peut constituer un facteur de risque lorsque la surveillance parentale fait défaut ou que des substances psychoactives sont consommées au sein de la famille. Un jeune de 15 ans sur cinq indique avoir des difficultés à se confier à son père ou à sa mère. « À l’inverse, la famille peut être un facteur de protection essentiel lorsque les parents assurent un soutien émotionnel, discutent souvent et facilement avec leurs enfants, manifestent de l’intérêt pour leurs activités ou se montrent critiques vis-à-vis de la consommation de substances », explique Marina Delgrande, chercheuse à Addiction Suisse.

Parmi les 18 – 24 ans, 5 % environ n‘ont pas de formation post-obligatoire. Des problèmes scolaires – échec, mauvaise intégration en classe, voire décrochage scolaire – constituent des facteurs de risque. En même temps, l’environnement scolaire peut être un facteur de protection important en renforçant par exemple les compétences de vie des écolières et écoliers ou en encourageant leur participation.

 

Quelle est la part de jeunes vulnérables?

En se fondant sur les données de la dernière enquête auprès des écolières et écoliers, Addiction Suisse estime qu’un peu moins de 10 % des jeunes de 11 à 15 ans présentent un risque particulièrement élevé d’avoir une consommation problématique. Ce chiffre doit être considéré avec prudence, car il repose « uniquement » sur un certain nombre de facteurs autorapportés dans le domaine personnel, familial et scolaire.

 

* L’enquête internationale « Health Behaviour in School-aged Children » (HBSC) étudie la santé des écoliers et écolières de 11 à 15 ans et leur comportement dans ce domaine. L’enquête est menée tous les quatre ans. La prochaine aura lieu en 2018 ; les résultats relatifs à la consommation de substances psychoactives seront disponibles en 2019.

Parents d’ados: des réponses à vos questions

Soutenir les parents dans leur mission éducative est essentiel pour prévenir les addictions. Addiction Suisse conseille les parents d’adolesent-e-s dans ce domaine et vient en aide aux parents dépendants. Les offres en un coup d’œil:

  • La page Facebook propose des conseils éducatifs pour prévenir les addictions, présente différents supports et outils destinés aux parents et annonce les manifestations d’actualité.
  • La page internet dédiée aux parents donne un aperçu de toutes les offres d’Addiction Suisse.
  • L’infographie sur l’alcool aborde le rôle des parents dans la prévention des addictions.
  • La newsletter aux parents, qui paraît trois à quatre fois par an, approfondit des thèmes d’actualité. Le dernier numéro porte sur la question suivante: Mon enfant consomme. Qui peut l’aider et qui peut m’aider ?
  • Les guides destinés aux parents sur l’alcool, le tabac, etc. et les neuf lettres aux parents sur des thèmes éducatifs en lien avec la prévention des addictions restent d’actualité et seront complétés petit à petit.
  • www.parentsetaddiction.ch
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